3.2.2. L'Egypte
L’Égypte est la civilisation du croissant fertile la plus à
l’ouest. C’est un pays de sable, battu par des vents chauds. Au milieu de ce
désert, les oasis semblent être le seul espoir des peuples de l’Égypte.
Pourtant, sur les rives du Nil, chaque année, un miracle se produit.
3.2.2.1. Le don du Nil
La civilisation égyptienne ne pourrait exister sans le grand
fleuve Nil, qui trouve sa source dans le lac Victoria, d’où part le Nil blanc,
et le lac Tana, où le Nil bleu prend naissance. C’est la rencontre de ces deux
fleuves qui forment la source de la vie de l’Égypte.
Au printemps, les glaciers fondent et le lac Victoria se gonfle,
mais insuffisamment pour être le responsable de cet incroyable phénomène qu’est
la crue. Cependant, pendant la saison des pluies, le lac Tana récolte les eaux
chargées de limon qui coulent depuis le haut-plateau d’Éthiopie. Les petites
cascades qui s’écoulaient du lac en formaient le Nil bleu se transforment en
cataractes monstrueuses, déversant des milliers de litres d’eau chargée de
terre noire.
Plusieurs mois plus tard, vers le 20 juillet, la crue arrive en
Égypte. Haute et Basse-Egypte voient le niveau du Nil monter de plusieurs
mètres, envahissant les terres cultivables et s’arrêtant à la limite du désert.
C’est là que l’utilité du limon noir charrié par les eaux apparaît : il se
dépose sur les champs, fertilisant les terres pauvres de l’Égypte.
3.2.2.2. Le travail des Hommes
C’est à ce moment que le travail des hommes commence. Assez
rapidement, l’irrigation commence, la terre est préparée, les semailles sont
faites, les récoltes viendront rapidement. Ce travail compte pour un tiers du
calendrier égyptien, 4 mois, une saison.
3.2.2.3. Ambivalence
Si le Nil fait de nombreux bienfait à l’Égypte, il est aussi
source de problèmes. Il suffit que les pluies soient plus abondantes en
Éthiopie, et le Nil bienveillant se transforme en démon aquatique, détruisant
les habitations et gaspillant de limon sur les terres arides du désert. Si la
crue est trop faible, les terres ne sont pas inondées, et le limon ne fertilise
plus le sol, le laissant stérile, ce qui engendrera une baisse des récoltes.
Le Nil n’est pas le seul ennemi à envisager pour les
Égyptien : certaines années, des nuages de sauterelles envahissent le
pays, détruisant les cultures et les récoltes, ne laissant que désolation sur
leur passage.
C’est là que le rôle du Pharaon prend toute son importance.
3.2.2.4. Pharaon, fils des dieux
Un
grand symbole de l’Égypte est le pharaon. Fils des dieux, dieu sur Terre, il a
tous les pouvoirs mais aussi de grandes responsabilités. Il est le fils de Rê,
qui s’est incarné dans le corps du père du Pharaon pour lui donner naissance.
Il
est le seul à même d’entrer en contact avec les dieux et de s’attirer leurs
faveurs. C’est à lui d’amener l’abondance et l’équilibre sur l’Égypte, grâce à
la crue du Nil. Auquel cas une sécheresse ou une invasion de sauterelles devait
se produire, il se doit de faire survivre son peuple. Et c’est notamment grâce
à l’impôt, prélevé en nature, c’est-à-dire en grain, et entreposer dans des
greniers, pour être redistribué en cas de famine.
Le
Pharaon est protégé par deux animaux : L’Uraeus, un cobra cracheur de
venin ornant la couronne des deux Égyptes et la déesse vautour.
Le
Pharaon est aussi associé à Maât, déesse de la vérité, de la justice et de
l’équilibre. Il doit assurer l’harmonie entre les hommes et les dieux.
La crosse et le flagellum
La
barbe postiche, la crosse (héka) et le flagellum sont aussi des symboles du
pouvoir de Pharaon. Les deux derniers sont des outils de berger, car il dirige
son peuple comme un berger dirige son troupeau. Cette idée de berger sera
reprise par les Hébreux.
Le Pharaon exerce quatre fonctions :
- Il est le chef politique : il gouverne l'Egypte, organise et guide la vie de son peuple
- Il est le grand prête : il préside aux grandes cérémonies relgieuses et fait construire des temples. Il veille aussi au respect des dieux.
- Il est le chef de l'armée : il commande les armées, défend le pays et l'agrandit grâce aux conquêtes.
- Il rend la justice pour ses sujets.
Le pharaon est aussi doté par les dieux de trois autres cadeaux :
Vie (croix Ankh), Force (Sceptre) et Stabilité (pilier Djed).
3.2.2.5. Un monde de croyances
L’univers
entier de l’Égypte tourne autour de la croyance, à l’aide d’analogies. Les
phénomènes naturels deviennent des symboles, les animaux, que ce soit ceux qui
effraient les Égyptiens ou ceux qui ont un comportement étrange, sont déifiés.
Ainsi,
quand le soleil s’enfonce sous le Nil, il meurt et traverse le royaume des
morts pour renaître dans toute sa splendeur le lendemain matin. Et comme cette
mort se fait à l’ouest, la rive ouest du Nil est devenue un cimetière.
D’ailleurs, en égyptien mourir se traduit littéralement par « aller à
l’ouest ». (NB : C'est un croyance qui est restée ancrée et s'est transmise. Par exemple, quand Adam et Eve quitte le Paradis, il vont à l'ouest.)
De
la même manière, le scarabée est devenu symbole de renaissance car sa boule, de
même forme que le soleil, voyage toute la journée pour être enterrée le soir
venu et donner naissance aux petits dans le futur.
Ces
analogies ne s’arrêtent pas là : l’hippopotame, dont la femelle protège
farouchement ses petits, devient la protectrice des accouchements sous la forme
de la déesse Touéris. Le crocodile représente la force sous les traits de
Sobek, car il est celui qui survit le mieux à la sécheresse. L’ibis, qui trempe
son bec dans l’eau comme le scribe sa plume dans l’encre personnifie Thot, dieu
de la connaissance et scribe divin. Le chacal, qui rôde autour des cimetières,
surtout lors des famines, devient le symbole du passeur des morts, Anubis.
Tous
ces dieux sont anthropomorphiques, ils ont la formes d’hommes ou de femmes,
bien qu’ayant bien souvent une tête d’animal.
L’Égypte
est fondée sur trois principes :
-
Rê à père des
dieux et du Pharaon
-
Noum à potier, il
façonne
-
Ptah à dieu de la
parole, donne un nom, ce qui permet l’existence
3.2.2.6. Un mythe fondateur
Le
mythe fondateur de l’Égypte est celui d’Isis et Osiris, le couple sacré.
« L'humanité vivait en paix, cependant Seth, jaloux de son frère,
complotait contre ce dernier pour s'emparer du trône. Au cours d'un banquet,
Seth proposa aux convives, parmi lesquels se trouvaient Osiris, d'entrer dans un magnifique cercueil et promettait d'en faire don à
celui qui aura la bonne taille. Osiris se prêta au jeu, mais aussitôt qu'il fut
couché, le mauvais frère ferma le couvercle, et jeta le coffre dans le Nil.
Arrivé à la mer, le coffre dériva vers le Nord et échoua sur le rivage de
Byblos, au Liban. Un arbre magnifique poussa au-dessus, dont le roi du pays fit
une colonne pour son palais. Quand Isis appris ce qui était arrivé à Osiris,
elle se rendit aussitôt à Byblos. Elle convainquit le roi de lui remettre le
cercueil, et le rapporta en Egypte. Mais, une nuit, Seth le découvrit. Il s'en
empara et découpa le corps en quatorze morceaux, qu'il dispersa à travers tout
le pays. Il empêchait ainsi que le Ka d'Osiris (l'âme) subsiste. Isis retrouva
toutes les parties du corps de son époux, et l'embauma avec l'aide d'Anubis (le
dieu chacal). Grâce à ses pouvoirs magiques, Isis ressuscita son frère le temps
de concevoir leur fils Horus, qu'elle éleva en secret, dans l'espoir, qu'il
vengerait son père.
Horus combattit Seth et le vainquit. Seth tenta encore de lui résister en
contestant sa légitimité d'héritier, mais il fut contredit par les dieux.
Osiris quitta la terre, et parti régner dans le monde inférieur. »
3.2.2.7. Le monde des morts
Pour
accéder à ce royaume, le mort passe en jugement. Celui-ci est présidé par
Osiris. Commence alors la pesée de l’âme : le cœur du mort est mis en
balance avec la plume de Maât, le plume de la vérité. Si le cœur est plus lourd
que la plume, il est dévoré par un monstre à tête de crocodile, nommé « la
Dévorante ». Dans ce cas, le mort ne peut accéder à la vie éternelle et
disparaît. C’est considéré comme la pire punition.
Une
fois que le mort a accédé à l’éternité, s’offre alors à lui une nouvelle vie,
dans laquelle il reprend le même travail que pendant sa vie terrestre. Dans
cette optique, les plus nantis faisant disposer 365 statuettes à forme humaine
dans leur tombe, une pour chaque jour de l’année et celles-ci travaillaient à
se place pour l’éternité.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire